Le concept de la femme idéale

"Quel est ton genre de femme?" Je crois que toutes les femmes que j'ai rencontré, ou presque, m'ont posé cette question à un moment donné. Le "genre"... L'idéal... Je concède que je suis encore aujourd'hui particulièrement curieux des personnes ayant des caractéristiques établies sur ce qui les attire ou les laisse indifférents. Le début, à mes yeux, de voir en l'autre un reflet de soi, de ce que l'on veut montrer. Préférer les brunes, les blondes ou les rousses m'interpelle. Préférer les minces, les voluptueuses, préférer les discrètes ou les affirmées, les excentriques, ou les introverties... Etrange manière de considérer l'autre, finalement. Choisir quelqu'un en fonction de critères pré-établis. Voilà une chose qui me semble un peu sinistre. Bien sûr, nous aimons tous certains aspects physiques, psychologiques qui peuvent nous faire fondre, nous séduire, nous attirer. Mais de les ériger en idéal, en "type", comme on remplirait un cahier des charges me semble assez triste. Et ce qui me frappe, c'est que les femmes que j'ai pu rencontrer ont toujours été très surprises de m'entendre leur dire que je n'étais pas attiré par elles parce qu'elles correspondaient à ma sélection de préférences.

J'ai connu des femmes très différentes, physiquement et psychologiquement. Elles ont toutes un point commun néanmoins. J'ai été séduit par ce qu'elles étaient, par leurs attitudes, par leurs caractéristiques. J'en ai aimé certaines pour les mêmes raisons. Jamais parfaites. La perfection me semble si ennuyeuse... C'est dans l'imperfection que se forge le sentiment. C'est en découvrant les failles de quelqu'un que l'attachement devient plus fort. Dans ce que l'on ne cherche pas à montrer, mais qui est là. La plus grande qualité de séduction est certainement de me laisser découvrir ce que l'on ne montre pas. Accéder à l'intimité de quelqu'un est une chose que je trouve terriblement enivrante. Etre celui qui découvre ce que les autres ne voient pas, parce que j'ai envie de parcourir quelqu'un. Aimer une femme pour tout ce qu'elle est. Sans à priori, sans demande, sans exigence. Peut-être est-ce pour ça que j'arrive à aimer pleinement, sans ressentiment, sans filtre. Parce que je n'exige rien, parce que je ressens pleinement la sincérité d'aimer. Aimer celle qu'elle est, pas celle que je veux voir en elle. Je n'aurai jamais l'irrespect d'exiger d'une femme qu'elle change quelque chose pour correspondre à ce que je pourrais attendre d'elle. Si j'aime, c'est entièrement. Et ainsi, la force de ce que je ressens peut être reçu avec intensité.

J'aimerais vraiment être aimé ainsi, moi aussi. Pour ce que je suis vraiment, pour tout ce que je suis. Sans devoir me plier à un idéal physique ou moral. Etre libre d'être soi. Sans compromis. Cela pourrait paraître très prétentieux, mais je crois savoir faire vivre les sentiments que j'éprouve dans le coeur de l'autre. Ca ne répond pas à des caractéristiques physiques établies, juste un ensemble, de ce que l'on peut voir et de ce que l'on doit chercher à découvrir. Je suis si sensible à la façon que peut avoir une femme de se jouer de ses atouts et de ses imperfections. C'est dans les attitudes que se forge la séduction la plus irrésistible. Il y a tout ça chez elle. Ce qu'elle montre, ce qu'elle dissimule, ce qu'elle est. Cette façon de jouer de ses charmes tout en étant accessible. Pour qui veut bien s'en donner la peine. Je pense qu'elle se rend compte, doucement, de mon envie de découverte. Je me plais à imaginer que ça la séduit. Que je suis attiré par ce qu'elle est et pas par ce que je veux voir en elle. Que je succombe aux découvertes que je fais quand elle m'invite à plus d'intimité. Accédant à ce qui a fait qu'elle est devenue celle qu'elle est. Chaque découverte, chaque surprise, chaque détail me rend plus addict encore. Je ne m'attends à rien et c'est ce qui rend l'exploration de son âme si réjouissante. Cette envie de lui montrer que j'aime ce que je découvre d'elle. Que je n'attend rien, donc que je profite de tout. De tout ce qu'elle est.

Qu'est-ce qu'aimer, au bout du compte? Je ressens vraiment que beaucoup disent aimer quelqu'un alors qu'ils ne font qu'aimer ce qu'ils perçoivent d'eux à travers l'autre. Cette pensée sincère et profonde fait certainement de moi un orgueilleux des sentiments. Mais en y réfléchissant, je ne vois que cette conclusion à l'élaboration d'un idéal, au départ. S'aimer soi à travers l'autre, comme on est fier de sa réussite sociale, comme on peut se réjouir d'exposer ses biens aux yeux des autres, montrant ainsi comme la réussite est totale. Exposer l'autre comme l'objet de conquête, d'avoir établi, voulu et eu ce qui avait été forgé par l'ambition. Comme je suis heureux de ne pas être ainsi, de ne pas ressentir ce besoin. J'aime aimer, totalement, sans détour et sans arrière-pensée. Je dois bien confesser que j'aimerais vraiment être aimé ainsi, sans ressentir la crainte que la nature de ma personnalité pourrait décevoir l'image que je dois retranscrire. Je me sens singulier, rare, sur ce plan. J'en ai l'orgueil. Un orgueil assumé. Aimer l'autre, pour ce qu'il est. Uniquement. Ca fait un bien fou même si c'est s'exposer. J'imagine parfois que ça peut être réciproque, et j'ai bien du mal à me projeter la force d'un tel bonheur. Un jour, peut-être... Ne serait-ce pas l'espoir d'une vie? A moins que le monde ne soit finalement bien plus égoïste que je ne pouvais le soupçonner.

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